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PEDAGOGIES INNOVANTES ET NUMERIQUES A L’ECOLE

Quelles démarches pédagogiques peut-on envisager pour accompagner l’intégration du numérique à l’école ?

Sur les bancs de l’école, les élèves d’aujourd’hui sont des enfants du numérique. Aussi, afin de résorber le décalage de l’école avec la société actuelle, les efforts sont réalisés pour permettre l’introduction du numérique à l’école. Les outils numériques pourraient permettre de favoriser la réussite éducative et de réduire les inégalités, missions de l’école. Seulement, le numérique n’a rien de magique et ses effets ne peuvent être bénéfiques qu’à condition de mettre en place des pédagogies innovantes. Ces pédagogies permettent des démarches qui remettent l’élève au centre des apprentissages, en le rendant actif, et en favorisant la collaboration au sein de la classe. Elles impliquent aussi une redéfinition de la partie magistrale et un nouvel équilibre entre enseignement et apprentissage, de même qu’elles incitent à repenser le métier d’enseignant. Les outils numériques sont massivement intégrés à l’école depuis quelques années. Tous les efforts sont en tout cas poursuivis en ce sens, et la tendance devrait continuer encore.


Les raisons qui ont présidé à cette décision sont multiples pour faire rentrer l’école dans l’ère numérique. On entend qu’il faut réduire le décalage entre l’école et ce qu’est la réalité de la vie des élèves qui s’assoient sur ses bancs. Les générations d’élèves actuelles sont nées alors que le numérique avait déjà une empreinte et une influence immenses sur la société et alors. Pour que le numérique trouve une place qui lui permette de réussir les missions de l’école, il ne suffit pas uniquement de lui trouver une place au même titre que tous les autres outils à la disposition du maitre et des élèves. Il est nécessaire de repenser des modèles pédagogiques, démarches et pratiques, pour lui trouver une valeur ajoutée et pour qu’il soit au service d’une éducation contemporaine repensée, en prise avec son époque.

Accepter de modifier son rôle d’enseignant

Vouloir centrer la démarche pédagogique sur l’apprenant implique de valoriser l’apprentissage et de guider davantage l’élève. Ainsi, pour modifier sa démarche pédagogique, en plus en y intégrant les outils numériques, il faut partir d’une acceptation. Il faut pour cela en préalable remettre à plat ses conceptions du métier, en lien avec des gestes professionnels ancrés dans les représentations collectives. Les enseignants qui ont mis en place des temps pédagogiques différents autour des outils numériques ont pour la plupart accepté que ces outils endossent les rôles dans ce qui était auparavant vu comme des « passages obligés » ou pensés comme tels de l’enseignement. La phase d’institutionnalisation (dont le nom révèle bien toute l’importance qu’on lui a attribuée) n’est plus assurée par le professeur, mais par le document numérique qu’il a placé dans la tablette. Dans un raccourci de langage, l’élève dira souvent qu’il a lu « sur la tablette » et non pas sur « le document mis sur la tablette » révélant bien le trouble qu’il y a entre les supports. C’est donc « la tablette » qui pour lui transmet le savoir dont il a besoin pour réaliser la tâche demandée ensuite.

Quelle place pour l’enseignant quand l’élève assis en face de lui tient dans ses mains un outil qui peut lui permettre en quelques secondes d’en savoir plus que lui ? Quelle redéfinition de son métier, de son rôle, par rapport à la définition moyenne qu’il en a globalement toujours eu ?

Si l’enseignant souhaite que le numérique, par un changement de pédagogie, apporte une plus-value qui n’existait pas auparavant, il doit à la fois penser la place de ces outils numériques mais aussi la sienne. L’enseignant ne fait donc plus descendre le savoir directement, physiquement, vers l’élève. En réalité, il le fait, car c’est lui qui élabore les situations d’apprentissage et les scenarios pédagogiques. Mais il cache ce rôle aux yeux de l’élève et modifie sa place au sein de la classe en accordant plus de temps à l’aide individuelle, à la préparation du script de l’apprentissage.

Profiter du numérique pour encourager des activités de collaboration


Comme on l’observe dans les Universités, l’outil numérique très souvent mène à des activités de coopération ou de coopération entre les élèves. Il est vrai que les technologies rendent possible, par les padlets, ou les traitements de textes partagés (pour ne citer qu’eux), le travail sur un support commun d’un nombre illimité d’élève, et de manière instantanée. Il ne faut pas oublier la dimension communication des TIC, qui est très importante. Ainsi, c’est en travaillant à plusieurs que l’on approfondit les connaissances et que l’on se nourrit de l’apprentissage de l’autre. On confronte de ce que l’on a compris, on synthétise, on cherche un compromis, on réfléchit en groupe à un problème. C’est une manière très intéressante et riche sur le plan des apports éducatifs de sortir de la solitude de la phase magistrale sur tablette. Dans tous les cas, c’est l’occasion de pallier les limites de toute phase magistrale qui permet rarement de mobiliser tous les élèves et qui ne place pas l’élève dans une situation de participation active. Les activités de collaboration sont donc de très bons compléments à l’apprentissage numérique ; elles permettent par ailleurs un plus haut degré de cognition et bien sûr le développement de compétences de communication, de langage, sociales et civiques et permet la construction de son identité avec les autres. Profiter du numérique pour développer des tâches complexes Dans la même idée d’émancipation de la phase transmissive, et en complément des activités de collaboration, l’enseignant peut proposer davantage de tâches complexes à ses élèves. Puisqu’il est possible de consacrer moins de temps en classe à la partie magistrale, autant construire l’apprentissage des élèves autour d’activités qui mèneront-elles à la construction de compétences plus larges. Par ailleurs les élèves peuvent se montrer plus créatifs (moins dans une posture de consommateur passif de connaissances en vrac), construire du sens, apprendre aussi par l’expérience. J’aurais pu proposer après ma séance de sciences par exemple, une situation dans laquelle les élèves pouvaient poser des diagnostics énergétiques de l’école et envisager avec les connaissances qu’ils avaient pu tirer de l’animation un moyen de repenser les énergies autour d’eux.

Réponse à la problématique et ouverture


La problématique née de mon questionnement était : quelles démarches pédagogiques peut-on envisager pour accompagner l’intégration du numérique à l’école et en faire un atout au service de l’apprentissage ?
Pour y répondre il faut rappeler que les outils numériques largement déployés dans les écoles de certaines zones le sont dans un souci de réussite éducative des élèves. Ils sont présentés comme un moyen (parmi d’autres, il faut le préciser) pour remplir la mission première de l’école, qui est de réduire les inégalités sociales. L’école échoue malheureusement trop souvent à satisfaire à cet objectif. Pour permettre la réussite éducative des élèves, l’école doit savoir créer une complémentarité avec le numérique. On peut donc envisager des démarches pédagogiques centrées sur l’apprenant, favorisant les activités de collaboration entre pairs, dans lesquelles l’enseignant doit créer les conditions pour accompagner au mieux l’apprentissage de ses élèves. Le temps et l’espace ne gravitent plus autour de la transmission des savoirs mais autour de la construction de compétences permise par la mise en place d’activités de création, de collaboration, et de différenciation.

Mélanie Maubourguet. Pédagogies innovantes et numérique à l’école. Quelles démarches pédagogiques
peut-on envisager pour accompagner l’intégration du numérique à l’école ?. Sciences de l’Homme et
Société. 2017. ffdumas-01880933f

Note : 5 sur 5.